Visiter un pays, c’est parcourir des rues ; bien droites dans les nouveaux quartiers, tortueuses dans les vieux villages.
En Provence les rues ont tous les âges.
À Aix, près de la cathédrale elles respectent encore le quadrillage antique ; quand vous empruntez la rue Gaston de Saporta, vous marchez dans les pas des légionnaires romains sur le cardo maximus d’Aquae Sextiae mais lorsque vous abîmez votre veste dans la rue Esquicho Coude, c’est le Moyen âge que vous revisitez. Souvenez-vous sur le Cours Mirabeau que le rempart Sud de la ville s’y dressait jusqu’au XVIIème siècle.
Marseille est encore plus vieille, la Grand Rue qui mène à l’Hôtel Dieu a été tracée par les grecs de Massalia qui ne seraient peut-être que peu dépaysés dans les rues escarpées du panier.
En revanche, les anciens seraient bien en peine de retrouver le ruisseau qui se jetait dans l’Huveaune ; le Jarret. Aujourd’hui c’est une rocade et c’est dans les embouteillages que l’on s’y noie.
Si le Lubéron est une montagne boisée parcourue de sentiers, c’est dans ses villages que l’on accourt l’été pour se promener le nez en l’air dans les ruelles étroites bordées de vieilles maisons en pierres.
Cucuron, Lourmarin, Lacoste, les Beaux… En Provence on trouve des quartiers neufs, des rues rectilignes et des immeubles hauts mais à travers le monde et même dans l’imaginaire des gens du cru, le nom Provence évoque immédiatement des villages perchés aux rues anciennes où l’on cherche l’ombre et une fontaine en été quand le soleil est obstiné.